« Les mots sont des notes de musique. »
Posté: 02 Nov 2013, 23:57
Nous ne serons jamais rien sans amour. Nous ne serons jamais que des objets animés par la colère, la haine, et motivé par l'intelligence froide du meurtre et de l'envie de voir s'oublier ce manque cruel. Nous ne serons alors qu'à l'apogée hostile d'un humain qui éveille son esprit à ce qu'il connaît le mieux : la souffrance.
Comme des notes de piano soufflées par des mains étrangères, les mots allaient et venaient dans mon esprit, vagabonds et distants, étreignant mon cœur avec la violence d'un baiser. Un baiser qui devait d'ailleurs s'annoncer, et qui pesait sur ma poitrine comme une complainte qui ne s'éteint pas. Mes métaphores s'alignaient, mais je restais alourdi par un monde qui s'acharnait dans sa violence. Passif acteur d'un spectacle auquel je ne voulais participer, je me faisais silencieux, immobile, et laissais la société se débattre dans les grondements de sa haine.
Une interminable tour de verre d'une pureté céleste, des surfaces miroirs tournées vers le ciel. Il ne manquait que des passerelles de cristal reliant les plus hauts édifices du quartier entre eux pour que je puisse croire à un rêve. Une mélodie s'infiltrait en moi, éveillant chaque cellules endormies de son corps alors que je m'imaginais, l'esprit encore embuée, quelle vie vertigineuse en altitude devait avoir les employés de la société Orgone. Mon regard s'égara un instant, je serrai l'étui de mon violon dans mes doigts pour me rassurer et entrai. Monté au secrétariat des Ressources Humaines, je fis face à la secrétaire qui, au téléphone, me fit signe de m’asseoir.
Assis sur une table, à la manière de ces Robins des bois qui avaient jonchés les histoires des soirées de mon enfance, je me faisais si peu, et pourtant tellement rebelle, rien qu'en ne respectant pas l'usage poli, vindicativement poli de s'asseoir correctement. J'avais dévoilé aux yeux de l'employé mon violon, et dès les premières notes, j'avais sut calmer en moi la ferveur d'une soirée bien arrosée. Le calme d'une écoute partielle, avait sut me rassurer. Je laissais s'enchaîner, au fil des moments, des mélodies, jouant sonates ou symphonies remixées, et bientôt, le violon devint un élément du décor. D'un regard interrogateur au départ, la secrétaire continua sa conversation. On se désintéressa, et ramenant mes jambes contre ma poitrine et la table, je me faisais statue musicienne pour mon plaisir.
Je jouais la douceur, l'innocence, mais me perdant dans mes pensées, je me surpris à livrer des morceaux de colère et d'orage musicaux.
Mes illusions se dissipèrent lorsque je fermais les yeux, m'abandonnant à la colère de la conscience humaine. J'aurais beau imaginer, cela ne resterait rien de plus que des chimères instables, qui s'oublieraient lorsque mon archet aurait décroché le crin. Une mélancolie se noua à mon regard et à mes doigts, virant le son sur une plainte en crescendo. Puis, méticuleusement, je revenais, encore une fois, et éternel comédien se pliant aux désirs sociables, à une mélodie, qui faisait si souvent rutiler les yeux de certaines personnes d'un éclat enchanté.
Moi, je me murmurais « Je déteste les entretiens d'embauche. »
L’événement perturbateur arriva quand la secrétaire se place devant moi, interrompant mes rêveries musicales. Je ne l'avais observé que distraitement, une demie seconde à peine. Mon violon cessa ses fredonnements et je contemplais la jolie jeune femme qui me faisait face, en articulant le plus calmement possible :
« Bonjour, je suis Wyatt Fox et on m'a convoqué pour un entretien d'embauche ici à 8h30. »
Comme des notes de piano soufflées par des mains étrangères, les mots allaient et venaient dans mon esprit, vagabonds et distants, étreignant mon cœur avec la violence d'un baiser. Un baiser qui devait d'ailleurs s'annoncer, et qui pesait sur ma poitrine comme une complainte qui ne s'éteint pas. Mes métaphores s'alignaient, mais je restais alourdi par un monde qui s'acharnait dans sa violence. Passif acteur d'un spectacle auquel je ne voulais participer, je me faisais silencieux, immobile, et laissais la société se débattre dans les grondements de sa haine.
Une interminable tour de verre d'une pureté céleste, des surfaces miroirs tournées vers le ciel. Il ne manquait que des passerelles de cristal reliant les plus hauts édifices du quartier entre eux pour que je puisse croire à un rêve. Une mélodie s'infiltrait en moi, éveillant chaque cellules endormies de son corps alors que je m'imaginais, l'esprit encore embuée, quelle vie vertigineuse en altitude devait avoir les employés de la société Orgone. Mon regard s'égara un instant, je serrai l'étui de mon violon dans mes doigts pour me rassurer et entrai. Monté au secrétariat des Ressources Humaines, je fis face à la secrétaire qui, au téléphone, me fit signe de m’asseoir.
Assis sur une table, à la manière de ces Robins des bois qui avaient jonchés les histoires des soirées de mon enfance, je me faisais si peu, et pourtant tellement rebelle, rien qu'en ne respectant pas l'usage poli, vindicativement poli de s'asseoir correctement. J'avais dévoilé aux yeux de l'employé mon violon, et dès les premières notes, j'avais sut calmer en moi la ferveur d'une soirée bien arrosée. Le calme d'une écoute partielle, avait sut me rassurer. Je laissais s'enchaîner, au fil des moments, des mélodies, jouant sonates ou symphonies remixées, et bientôt, le violon devint un élément du décor. D'un regard interrogateur au départ, la secrétaire continua sa conversation. On se désintéressa, et ramenant mes jambes contre ma poitrine et la table, je me faisais statue musicienne pour mon plaisir.
Je jouais la douceur, l'innocence, mais me perdant dans mes pensées, je me surpris à livrer des morceaux de colère et d'orage musicaux.
Mes illusions se dissipèrent lorsque je fermais les yeux, m'abandonnant à la colère de la conscience humaine. J'aurais beau imaginer, cela ne resterait rien de plus que des chimères instables, qui s'oublieraient lorsque mon archet aurait décroché le crin. Une mélancolie se noua à mon regard et à mes doigts, virant le son sur une plainte en crescendo. Puis, méticuleusement, je revenais, encore une fois, et éternel comédien se pliant aux désirs sociables, à une mélodie, qui faisait si souvent rutiler les yeux de certaines personnes d'un éclat enchanté.
Moi, je me murmurais « Je déteste les entretiens d'embauche. »
L’événement perturbateur arriva quand la secrétaire se place devant moi, interrompant mes rêveries musicales. Je ne l'avais observé que distraitement, une demie seconde à peine. Mon violon cessa ses fredonnements et je contemplais la jolie jeune femme qui me faisait face, en articulant le plus calmement possible :
« Bonjour, je suis Wyatt Fox et on m'a convoqué pour un entretien d'embauche ici à 8h30. »