Je raccrochai le téléphone quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. Bon sang, je n’avais pas une minute à moi aujourd’hui. Avec toutes les
convocations (*) à remettre en mains propres aux nouveaux employés, je courrais un peu partout. En plus de cela, je commençai à avoir une faim de loup et mon ventre grouillait d’appétit. Ce matin, j’étais parti courir sur les plages de Miami, mais j’avais été un peu ambitieuse en passant de 8 à 10km. Résultat, à cause de ce kilo que je souhaitais perdre, j’avais dû choisir entre la douche et le petit-déjeuner. La faim au ventre, je regardai l’inconnue entrer. Elle était très séduisante et très élégante. J’aimais beaucoup sa ceinture rouge sans boucle. Il s’agissait d’Elena Harrison. Je m’en souvenais très bien car je m’étais trompée de nombreuses fois en écrivant son prénom. J’y mettais un H comme à Harrisson. Je n’étais pas douée pour retenir l’orthographe des prénoms. Le pire ? Les «y» dans les prénoms. Catastrophique !
Bref ! Je me levais pour la saluer d’une poignée de main en affichant mon plus beau sourire. Il faisait bon travailler ici et ma vie avait changé en bien depuis mon recrutement. Je me réjouissais chaque jour de cette opportunité au point de sourire constamment.
« Bonjour ! Oui, Mademoiselle Elena Harrison, vous avez d’ailleurs confirmé votre rendez-vous jeudi dernier. C’est Mademoiselle Castle-Glass qui va vous recevoir sous peu. Je la préviens immédiatement de votre arrivée.»Comme à notre habitude, je prévenais Mademoiselle Castle-Glass via la messagerie instantanée. En attendant sa réponse, je poursuivais en prenant un document déjà préparé.
« Compte-tenu de votre profession de journaliste, M.Lebenton m’a expressément demandé la signature de cette clause de confidentialité concernant l’ entretien d’embauche. Comme vous pouvez le lire, il ne concerne que les informations qui pourraient vous être communiquée durant cet entretien d’embauche »J’avais déjà imprimé le document. Il s’agissait d’un document tout simple que les journalistes avaient l’habitude de remplir quand ils parlaient en huis-clos d’une affaire qu’il ne devait pas ébruiter immédiatement. Les forces de l’ordre usaient souvent de ce recours lorsqu’elles demandaient aux médias de faire paraître de fausses informations pour piéger un ciminel et aider son arrestation.
C’était la première fois que je faisais remplir un tel document, alors je ne me sentais pas très à l’aise vis-à-vis de Mademoiselle Harrison. J’espérais sa signature, comme cela, je pourrais la conduire directement à la salle d’entretien et lui proposer un rafraîchissement en attendant l’arrivée de Mademoiselle Castle-Glass. Je jetais un coup d’oeil à la messagerie et remarquai sa réponse. Elle descendait immédiatement. Un coup d’oeil à l’ascenseur me permit de comprendre qu’il montait déjà au vingtième.