Orgone

Ben voila, mes p'tits potes...On y était!

J'me la coulais relativement douce ,j'avais mon chien, ma caravane, des copains de bistrot et une petite pension d'invalidité suite à un accident du travail...Ho trois fois rien, pour dire vrai, mais le toubib était un type sympa,pis ,à vrai dire, j'crois qu'il se tapait un peu ma femme aussi, de c'temps là...

Mais tout ça, ça r'montait à loin. Ca fait plus de 10 piges que j'suis parti d'la maison, plein le cul d'entendre Carmen m'emmerder pour que j'me recolle au turbin au lieu de regarder le superball à la télé...

Bref, j'vais pas vous détailler ma putain d'vie, ça prendrait des plombes.

C'qui m'amène aujourd'hui ici, c'est qu' le camping ou j'ai posé ma résidence principale me réclame pas loin de 20 sacs d'arriérés de payement. J'paye pas, pour cause! Ma putain de compagnie d’assurance à déposé le bilan. Le comptable parti avec la caisse, le directeur un taule, et moi, comme pas mal d'autres brave types, fin dans la merde!

J'me suis un peu bousillé l'dos en portant des quartiers d'boeuf, c'est entendu, mais surtout,aller au tubrin, ,ça fait une sacrée paye que j'sais plus trop à quoi ça correspond.

Mais, vous savez comem moi, mes p'tits potes, que quand faut bouffer, ben faut y aller.
Et m'voila avec une chemise neuve, un futal sorti du pressing du chinois ou l'vieux yen me fait crédit, dans ce putain d’immeuble a attendre qu'on me propose de bouffer je ne sais quel médicament expérimental pour une poignée de haricots,destinée à apaiser l'appétit de mon marchand de sommeil!

Bon sang ! M.Lebenton ne cessait de me surprendre par ses choix. J’avais sous les yeux une espèce de Curriculum Vitae. Souvent, j’hallucinais en voyant des candidats écrire Curriculum Vitae en première page de leur dossier. En tant que responsable de recrutement, nous savions reconnaître un CV. Et quand je lisais ce titre, je me demandais toujours si ce candidat me trouvait trop stupide pour comprendre ou bien si l’expérience du candidat était si pauvre au point qu’il ait trouvé là l’unique solution pour occuper les dix premiers centimètres de la page. Mais pour une fois, je me réjouissais que ce soit écrit ! Car, en toute franchise, je me demandais s’il s’agissait d’un CV ou d’un dossier de pedigree !

Cet homme avait connu de gros problèmes de dos et touchait une pension d’invalidité. Mis la compagnie d’assurance en faillite avait détourné l’argent des cotisations et cet homme se retrouvait sur la paille. Qu’est-ce que Lebenton voulait que je fasse de cet indidivdu ? Je n’allais quand même pas le coller au service du nettoyage ? Et soudain, j’eus une idée autour de ce problème de santé.

Marie m’envoyait un message m’indiquant son arrivée. Je décrochais mon téléphone et lui demandais immédiatement de me l’envoyer. Quelques instants plus tard, il entrait dans mon bureau. Il porte une chemise propre, certainement neuve vu les plis et un pantalon usé, mais d’une netteté impeccable. S’il n’était pas rasé parce qu’il portait la barbe, je fus heureuse de constater son allure. J’en déduis qu’il essayait de faire bonne impression et ne recherchait pas simplement à remplir ses obligations vis à vis d’un quelconque institut d’aide à la reprise du travail.

Je me levais à son entrée et contournais le bureau pour lui serrer la main. Dès cet instant, les douleurs de son dos se rappelleraient à son bon souvenir. Je l’invitais à s’asseoir, ne doutant pas que désormais cela le soulagerait vraiment. En effet, s le médecin avait surestimé les douleurs, désormais, ce ne serait plus le cas. J’allais m’occuper personnellement de ces douleurs.

-- Bonjour M.Perez, bienvenue à Orgone.

Je savais la douleur intense, mais celle-ci s’apaiserait malheureusement d’ici une bonne demi-heure. Je devais donc mener l’entretien rapidement, pour profiter de sa faiblesse temporaire. Je présentais donc aussitôt l’entreprise. Et une fois, les présentations bidons faites, j’enchaînais sur le coeur du sujet.

-- Nous avons mis au point un système immersif. Le joueur se croit réellement dans le jeu. Mais notre société ne s’arrête pas à ce volet. Nous voulons offrir à aux américains qui souffrent de blessures et de séquelles de pouvoir vivre normalement. C’est pourquoi nous cherchons des candidats comme vous. Votre dossier indique que vous touchiez une pension d’invalidité partielle et souffriez de fortes douleurs de dos. Notre proposition est simple et sans détour. Aucune pillule à avaler, aucun test médicaux majeurs. Nous souhaitons vous voir évoluer dans nos simulateurs et découvrir si notre système vous permet de passer outre ces douleurs. Est-ce que ce projet peut vous intéresser ? Nous vous rétruberons 400$ pour chaque journée de tests, vous devriez en avoir une à deux par semaine.